LE TROUBLE D'OPPOSITION                                                           
avec ou sans provocation

 Définition générale:
Quand, dès le plus jeune âge, l'enfant:
· refuse souvent les contraintes et consignes de son âge
· argumente ou s'obstine à l'infini, voire jusqu'à l'absurde pour avoir raison
· n'hésite pas à provoquer afin d'obtenir satisfaction ou un surplus d'attention
· réagit par des colères démesurées à la frustration
· devient encore plus arrogant dans l'adversité et la confrontation
· se reconnaît rarement des fautes mais blâme surtout les autres.

Autres traits particuliers:
· arrive mal à se faire des ami(e)s du même âge, à cause du contrôle trop grand qu'il exerce sur eux
· réagit assez mal à tout changement, séparation, qu'il n'a pas lui-même décidé
· se montre parfois plus facile à contrôler par le père que la mère (autorité plus agressive et intimidante que douce et soutenante), par les étrangers que les proches
· trouve mal le sens de ses limites, en général.

L'un des sujets des plus cruciaux dans la mesure où l'opposition prête souvent à confusion et se retrouve souvent dans les troubles du comportement, presque l'équivalent de la conduite délinquante. Sans la notion du déficit de l'attention qui justement favorise le négativisme, l'errance du diagnostic devient presque la règle. Au lieu du traditionnel "il agit avant de penser", courant dans l'hyperactivité, ici nous aurons "il s'oppose avant de penser". Le déficit de l'attention en somme nourrit insidieusement, par le manque de réflexion adéquate, le refus de la contrainte et des exigences.

Complication habituelle:

Il y a le danger soit qu'en refusant tout compromis raisonnable, l'on puisse nourrir davantage le négativisme, la provocation, soit encore qu'au contraire en recherchant trop la bonne entente, l'on fasse disparaître normes et règlements usuels. Qu'il s'agisse d'éviter la relation auto ou hétéro-destructrice (sadomasochiste) ou complaisante (surprotectrice) le risque de " névrotisation " de la relation demeure toujours assez grand, surtout via le Complexe d’Œdipe, (rivalité du même sexe ou complaisance envers le sexe opposé).

Historique:
D’abord proposé, en 1966, par le Group For The Advancement Of Psychiatry, aux États-Unis, le syndrome n’entra en classification officielle du DSM-III qu’en 1980, pour subir de nombreuses révisions, compte tenu de la polémique assez vive à son endroit. Plusieurs études supportent la validité de ce diagnostic. Ils démontrent que les agressions physiques demeurent assez mineures en regard des troubles de conduite où la composante antisociale se manifeste davantage et peut conduire à la délinquance. En 1987, la classification DSM-III-R ajoute la provocation en sus des autres symptômes qui doivent se produire sur une durée minimale de 6 mois et comprendre, pour l’essentiel, la violation de règles mineures, les crises de colère, l’argumentation et l’obstination. Pour l’usage strict du classement DSM-IV, le plus récent en date de 1994, il faut observer la présence de 4 symptômes sur un total de 8 facteurs, à savoir l’enfant qui souvent fait des crises de colère, argumente avec l’adulte, défie les règles, refuse les consignes, se plaît à ennuyer les gens, blâme les autres, se montre rancunier et aussi vindicatif.

Épidémiologie et co-morbidité:
La prévalence, dans la population générale infantile, varie de 1.7 à 9.9% pour une moyenne de 5.7%. Sans doute la plus fréquente manifestation même du plus léger retard maturationnel, le trouble d’opposition survient davantage chez le garçon que la fille, dans une proportion de 4 pour 1 et
accompagne, de facto, tous les troubles de la lignée neuromaturationnelle, tels le déficit d'attention, l'hyperactivité, le trouble de conduite, mais aussi sporadiquement les troubles anxio-dépressifs, phobiques, obsessionnels, ou encore les troubles envahissants du développement (TED), mais en plus sévère. Toutefois, il appartient bien davantage au caractère extraverti qu'au type introverti. L'enfant timide sera rarement opposant avec l’étranger, le milieu scolaire, et plus impulsif en son milieu naturel, la famille.

Approches thérapeutiques à l'égard du:
A.- Parent:
1. Garder son sang-froid à tout prix.
2. Éviter le jeu du négativisme, de la provocation, en ignorant les comportements inadéquats.
3. Conserver une relation toujours positive,
a- en gardant pour soi les émois trop négatifs, les préoccupations personnelles.
b- en se faisant aider de parents, d'amis, et même d'un conseiller ou thérapeute professionnel, au besoin, pour mieux vivre à travers l'impuissance, la colère, la culpabilité.
c- en privilégiant des périodes régulières d'attention personnalisée en seul à seul.

B.- Enfant:

1. Choisir des priorités qui visent l'essentiel, mais négligent le détail.
2. Valoriser les petits efforts et réussites, pour soutenir l'estime de soi, souvent fragile.
3. Structurer, planifier les activités dans le temps (l'horaire), l'espace (le territoire, l'ordre), avec grille de comportement et récompenses, contrats personnels. Séparer nettement le système punitif du renforcement positif.
4. Bien situer les attentes en fonction de la maturation réelle et des secteurs d'activité.
5. Envisager parfois des thérapies psycho-dynamiques, cognitives, comportementales selon le besoin.

Claude Jolicoeur, m.d, 1994-2012, ®