|
Il n'est que songer à Fellini pour
s'interroger sur la personnalité parfois excentrique de certains
réalisateurs populaires des dernières décennies. Improvisateur
géniale, le plateau de tournage n'était que prétexte à son
imagination, où les acteurs aussi devaient créer selon la thématique
générale. À Mastroianni qui s'inquiète du scénario de la Dolce Vita,
il dessine simplement une esquisse d'organe génital masculin.
Fellini se comprend mal, si l'on cherche à trop le comprendre.
Peut-être qu'il ne se comprend tout simplement pas, il se regarde.
Abondance d'images, en association spontanée, comme une pluie
diluvienne qui tombe drue.
Dans le cinéma récent, l'on traite souvent du
déficit attentionnel, de l'hyperactivité, même de l'autiste, sans que le
spectateur s'en rende toujours compte, à moins de penser à "Rainman", par
trop évident. L'on peut penser au "Grand bleu", de Luc Bresson, où les deux
principaux héros illustrent bien, l'un les traits de l'hyperactivité l'autre
ceux de l'autiste; à "La vie est belle" de Roberto Bellini, quand la
fabulation l'emporte sur la réalité morose et morbide, dans l'agitation d'un
père hyperactif, et à "La légende du pianiste sur l'océan", production
récente de Giuseppe Tornatore, quand ce pianiste
talentueux passe toute sa vie sur le paquebot qui l'a vu grandir, prisonnier
de son monde autiste. Les trames tragiques se poursuivent au niveau
artistique, bien qu'elles appartiennent à l'incompréhension humaine. Pour
qu'il y ait spectacle, il faut creuser dans l'extrême, là où se rencontrent
les conditions les plus difficiles. Mais aussi des histoires drôles, comme
le cinéma de Pierre Richard, lui-même grand distrait qui se vante, dont
l'action se fonde sur les quiproquos, les oublis, les erreurs de jugement,
les pieds qui s'accrochent dans les fleurs du tapis, ou celui de Louis de
Funès, toujours aussi agité mais génial dans ses mimiques, ses réactions
vives, intempestives et imprévisibles.
|
La légende du
pianiste sur l'océan de Giuseppe
Tornatore
Un
homme d'exception (Beautiful Mind), de Ron Howard |