LE DÉFICIT DE L'ATTENTION                                        
chez l’enfant
 

Définition générale:
Tendance excessive à la distraction qui se manifeste souvent de manière insidieuse, déroutante, voire sélective. Elle apparaît davantage avec les contraintes pédagogiques et éducatives; elle semble parfois se confondre avec la mauvaise volonté, un manque d'intérêts et de motivations, une certaine paresse intellectuelle et même un faux état anxieux ou dépressif. Elle favorise une attention surtout périphérique où les stimuli secondaires auront autant d'importance que le stimulus central, sinon davantage, entraînant l'éparpillement des intérêts. Ce problème handicape sérieusement la réussite académique, le potentiel individuel et entraîne souvent des échecs inutiles, voire même le décrochage scolaire, à l’adolescence. La notion de temps paraît affectée, au détriment de la capacité d’organisation des routines et des tâches de travail, de l’effort soutenu, de la persévérance. Seul compte le moment présent et le plaisir de l’instant.
Le sens de la vérité pourrait s’en trouver affaiblie, par manque de réflexion, et confondre un élément de réalité avec le monde imaginaire (dramatisation, affabulation).
En tant qu’entité vraiment clinique, le déficit a des conséquences néfastes sur le plan académique ou social, par des échecs à répétition.

Traits particuliers:
1. Facilité à la distraction, la rêverie dans les tâches devenues monotones ou fastidieuses,
de nature souvent plus abstraite que concrète (scolarité plus avancée), avec une meilleure concentration dans l'activité plus physique, manuelle, mécanique, informatique ou audiovisuelle.
2. Opposition plus ou moins forte, face aux contraintes et consignes.
3. Oublis fréquents dans les affaires courantes (cahiers, agendas) et tendance à perdre ses objets personnels et familiers: crayons, effaces, livres, tuques, mitaines, etc.
4. Vigilance et compétence accrue dans les activités intenses: compétition, course etc.
5. Excitabilité facile en présence du groupe (fratrie, pairs); besoin de faire des blagues, d’attirer l’attention, si caractère extraverti, sinon tendance à l’effacement.
6. Maturité variable au niveau du seuil de tolérance à la frustration, du contrôle des impulsions, de la stabilité de l'estime de soi, de la capacité de vivre et partager l'attention, du sens de l'organisation (ponctualité) et de l'espace (respect du territoire, l'ordre).
7. Danger d'échec scolaire à mesure qu’augmentent les défis (études secondaires, collégiales ou universitaires), le plus souvent dans l'étude des langues (grammaire, orthographe) et des mathématiques.

Traitement:
Plus insidieux et variable que l'hyperactivité, le traitement en devient plus difficile, par sa discrétion même. Le patient TDA sera également un individu hypersensible qui peut à la fois devenir anxieux, phobique, obsessif ou dépressif. À force de vivre des échecs, il tend à se prémunir par des attitudes de compensation ou d’évitement: retrait social, sur vérification, prudence excessive, souvent surinvestissant les tâches, par crainte de l’insuccès.
La médication s'avère utile surtout dans le travail trop routinier, quand l'encadrement usuel ne suffit plus. Mais il ne faut pas oublier qu'en dehors des oublis et des mésaventures au quotidien, ce sont les habiletés d'organisation et de prévoyance qui sont les plus faibles; un tutorat psychologique peut devenir nécessaire.

 

Dr Claude Jolicoeur, pédopsychiatre,
Montréal, 2012 ©